La Quête de Jack

2: La jumelle "dépravée"



Jack n’est pas enfant unique. En fait, il est né en même temps que sa sœur plus vieille de quelques secondes. Une demoiselle qui ne lui ressemble pas du tout physiquement. Elle est plus petite, est naturellement blonde mais se teint les cheveux en rouge. De plus, elle a les yeux verts. Ce sont des jumeaux dizygotes, d’après le terme scientifique. Elle s’appelle Josie, fait partit d’un groupe de rock malgré le mécontentement de ses parents et flirt avec des filles de son âge.



Bien que son orientation sexuelle ne plaise pas du tout aux géniteurs de Jack et Josie, la jeune femme sait qu’elle peut compter sur le soutient morale de son frère. Elle est celle des deux qui s’affirme le mieux et qui n’a aucune gêne à démontrer sa différence publiquement. Elle va même jusqu’à se faire des mohawks avec ses cheveux coupés très cours, porter des bracelets arc-en-ciel et se mettre des piercings ici et là. Une vraie démone, une révoltée, comme dirait la mère.



Jack s’en fiche. Il n’est pas du genre à juger sa sœur pour ses goûts personnels. Jusque-là, ils se sont toujours bien entendus. Mais lorsque Josie décida de partir pour sa quête Pokémon, elle insista pour qu’il vienne avec elle. Et pour la première fois de leur belle fraternité, il refusa de la suivre. Au lieu de cela, il devint l’un des assistants du professeur Oak. Déçue, la jumelle du jeune homme partie de chez elle et ne donna plus de ses nouvelles à personne, ni même à son père qui semblait un peu plus ouvert à sa sexualité que sa mère. Pauvre Josie…



Jack a une apparence des plus banales. Grand, maigre, cheveux châtain, yeux chocolat. Il est dans la norme. Il pourrait passer inaperçu, si ça ne serait pas de sa manie d’être trop sérieux et de parler comme un adulte aux jeunes de son âge. Il n’est pas comme sa jumelle, ne s’intéresse pas trop aux relations intimes et n’a jamais réellement fait attention à sa propre orientation. Tout ce qui importe pour lui, c’est de se faire de l’argent et d’avoir un avenir professionnel. D’ailleurs, il ignore toujours comment il pourrait impliquer le bébé Bulbasaur qu’il tient présentement sur ses genoux à son métier d’assistant. Il lâcha un sacre, rien que d’y repenser.



— Jack! Jack! S’écria sa mère en entrant dans sa chambre sans même cogner à la porte.

— Quoi? Demanda le jeune homme, irrité.

— Ta sœur vient d’appeler, elle vient nous rendre visite!

— Hein? Ah… Ouais…



La mère roula ses yeux, puis se mit à radoter. « J’espère au moins qu’elle ne nous ramènera pas l’une de ses bimbos comme la dernière fois… Dieu sait à quel point j’ai horreur de ses fréquentations! »



Jack ne fit même pas attention à ce qu’elle disait. Il se contentait d’observer son jeune Bulbasaur, à présent âgé de trois semaines. Il serait à peu près temps pour le petit de commencer son entraînement. Il avait grandie et était devenu un peu plus robuste qu’à sa naissance, ce qui tombait bien pour Jack qui commençait à détester l’atmosphère à la maison. Il avait déjà préparé ses biens pour le début du voyage. Il était intéressé à se rendre à Pewter, une petite ville minière à l’ouest de Cerulean. Mais tout d’abord, il lui faudrait traverser des montagnes. Après, il reviendrait sur ses pas pour confronter Misty, la fameuse dresseuse de pokémons aquatiques.



— Tu m’écoutes quand je te parle? Râla la mère.

— Oui m’man.

— Bon, assez. Viens, on va préparer la table pour le retour de ta sœur.

— Pas envie.



Elle ne l’écoutait même pas. Elle le tira par le manche de son blouson de force et le sortit de sa chambre. Vaincu, il mit son Bulbasaur en sûreté dans sa pokéball et alla mettre des ustensiles sur table afin de faire plaisir à cette diablesse qui lui servait de mère. Le père était absent. Il ne rentrerait pas tard avant ce soir. Il ne viendrait même pas souper. Il travaillait pour une compagnie pharmaceutique de la ville et leur rapportait beaucoup d’argent. Sa mère, quant à elle était une représentante de l’église et membre du comité des parents-élèves de leur ancienne académie.



— N’oublie pas de mettre une bible dans son sac de voyage lorsqu’elle rentrera! Il faut à tout prix qu’elle lise la bible…

— Oui maman…

— Elle est sur une pente descendante, c’est normal. Il faut lui montrer le bon chemin à cette fille. Dieu a toujours de la place pour elle, mais pas pour ses manies de sale pécheresse, dit-elle en plantant un couteau dans la dinde farcie qu’elle avait préparé ce jour-là.

— Génial. T’as vraiment le don de me pourrir la soirée.

La mère lâcha son couteau qui tomba sur le plat en cristal où elle avait mise des morceaux de dinde.

— Ne parle pas ainsi à ta mère! Tes parents, tu honoreras.

— Jamais n’a-t-il été mention que je sois élevé par une grosse dinde…

— Quoi? Répète un peu, pour voir?

— Oh ta gueule, connasse, tu n’es pas ma mère. Tout le monde le sait que tu n’es que sa sœur qui nous a pris à notre naissance parce qu’elle est morte et que notre vrai père n’a jamais voulu de nous. T’es la femme la plus méprisable que je connaisse et j’ai honte de te connaître. Si je serais Josie, ça fait longtemps que je n’aurais plus donné signe de vie. La seule raison pourquoi elle revient, c’est parce que je suis à la maison.

— NE ME PARLE PAS SUR CE TON!

— Étouffe-toi avec ta dinde…



Jack retourna dans sa chambre, ramassa son sac à dos puis retourna aux escaliers. Sa mère se tenait devant lui avec un couteau et un téléphone. Elle semblait marmonner des mots étranges à ce qui semblait être le pasteur. Toujours cet enculé de pasteur.



— Venez vite, il me fait peur… Le démon le possède…

— Pauvre conne…

— Il n’est pas mon fils, il ne l’a jamais été, mais ce n’est pas une raison de l’abandonner dans le péché!

Jack en avait tellement ras le bol de cette idiote qu’il la poussa de toute ses forces. Elle déboula les escaliers, se cogna contre le mur près de la porte de sortie, puis lâcha le téléphone. Il n’y avait aucune trace de sang. Elle respirait encore. Simplement inconsciente. Jack prit son pouls et soupira en remarquant qu’elle n’était par morte.

— Je danserais autour d’un feu de joie le jour où tu seras enfin emportée par la faucheuse, maudite femme.

Il lui cracha dessus, puis sortit de chez « lui » après avoir refermé la porte derrière lui. En bas du balcon l’attendait sa sœur.

— Je vois que tu lui as donnée une sévère correction, hein? Dit-elle en écrasant une cigarette sous ses pieds.

— T’aurais quand même pu entrer et me donner un coup de main. Elle me menaçait avec un couteau, bordel!

— Peu importe. Ce n’est pas notre mère. Nous sommes assez vieux pour nous débrouiller tout seul désormais. Le vieux peut faire ce qu’il veut. Je l’aimais bien, mais moi je ne reviendrais plus jamais dans cette piaule.

— Tous mes biens personnels sont à Palette, je n’ai plus rien à faire ici non plus.

Josie portait un simple blouson, une jupe noire et des sandales. Ses cheveux étaient toujours aussi rouges. Elle avait bonne mine, malgré le fait qu’elle fumait toujours autant que la dernière fois qu’ils s’étaient vus.

— Sais-tu, la cigarette va finir par te tuer, ma jolie.

— Mêle-toi de ce qui te regarde, le frangin, lui dit-elle avant de lui tirer la langue.

Puis ils s’esclaffèrent.

— Bon, partons d’ici avant que les flics s’en mêlent, suggéra Jack.

— Bonne idée. Cet endroit me donne la chair de poule.



Ainsi donc, les jumeaux furent réunis en cette soirée chaude d’été. Ils en avaient beaucoup à discuter sur les derniers mois. Mais surtout, ils étaient enfin libres de cet enfer où ils avaient passés les seize premières années de leur vie. Josie raconta à son frère comment elle avait capturé son premier pokémon, un Rattata doué qu’elle avait surnommée Mizu. Puis elle lui montra son partenaire Ignius, le Charmander qui avait évolué en Charmeleon. Elle lui dit aussi qu’elle s’entraînait pour devenir coordinatrice et voulait participer au Grand Festival de Kanto lorsqu’il aurait lieu.



— Et que fais-tu de ton groupe de rock? Demanda Jack.

— On existe plus depuis un bail. Jeffrey et Max sont rendus dans un autre groupe, Jon est partit faire ses études de l’autre côté du continent. Ça me fait ni chaud ni froid.

— Donc, tu es libre comme l’air.

— Mouais, c’est ça.

— Et combien de concours as-tu remporté jusqu’à présent?

— Aucun. J’ai participé au concours de Cerulean, la semaine dernière, mais je n’ai pas fait la deuxième manche.

Elle haussa ses épaules, déçue. Mais elle semblait optimiste.

— Ah, au fait… Je peux voir ton Bulbasaur? Tu ne me l’as pas encore montré! Dit l’adolescente, intriguée.

— Maintenant que tu le dis…

Il appela Bulbasaur qui sortit aussitôt de sa poké ball. Quelques secondes plus tard, il se cacha derrière Jack.

— Il est sacrément peureux, remarqua Josie.

— C’est parce qu’il est timide. Laisse-lui un peu de temps. Il est encore jeune.

— En tout cas, il est mignon…



Elle se pencha et tendit sa main vers le pokémon, l’incitant à s’approcher d’elle. Il riposta en lui envoyant une poudre soporifique au visage. Elle s’endormit aussitôt.



— Ah ça c’est malin! Tu endors ma sœur alors qu’elle veut simplement se montrer gentille… Bulbasaur!

— Bulbaaaa… pleurnicha le pokémon.



Jack secoua sa tête, s’excusa auprès de son partenaire, puis ramassa sa sœur qu’il porta dans ses bras. Il y avait un Centre Pokémon non loin de là. Il décida de l’emporter là-bas, afin qu’elle puisse se reposer un peu. Sans trop savoir pourquoi, il souriait.